Témoignage : pas de nouvelles pendant plus de vingt ans et assignés!

Je n’avais pas vu ni eu de nouvelles de mon père depuis plus de 20 ans lorsque j’ai reçu un courrier de son conseil (comprenez son avocat) me « demandant » de faire en sorte que mon géniteur puisse rencontrer ses petits-enfants sinon c’est devant le juge que cela se réglerait.

Mon père est un alcoolique, violent, qui nous frappait et qui frappait ma mère, son ex-femme. Qui, lorsque celle-ci a enfin demandé le divorce, lui a juré qu’il le lui ferait payer.

Petit détail qui a son importance : mon premier enfant avait 7 ans, mon second 3 ans lorsque cela s’est produit, et si je leur avais parlé de leur grand-père (au moins à l’aîné) et répondu à leurs questions, mon père lui n’avait jamais eu l’idée de prendre contact sous quelque forme que ce soit avec ses petits enfants. Et non content de me menacer par l’intermédiaire de son conseil, il menaçait aussi ma sœur, pour les mêmes raisons.

Optimiste, je pensais que la justice au vu des pièces que nous fournissions et des dysfonctionnements que nous évoquions allait nous donner raison. Lorsque nous nous sommes retrouvés en première instance face à trois juges, je l’ai vu menacer, en levant la main, l’avocate de ma sœur qui disait des choses sans doute déplaisantes mais vraies. Nous l’avons entendu dire en quittant le bureau qu’il aurait dû nous laisser crever. Optimistes…

A tort parce qu’un mois plus tard, lorsque le jugement est tombé, nous avons reçu le ciel sur la tête : il avait gagné un samedi par mois dans un espace-rencontre et nous avions en plus une enquête sociale. Pour être bien claire, cela voulait dire que notre famille, équilibrée, allait recevoir la visite d’une enquêtrice pour vérifier… quoi ? on ne sait pas : il n’était pas question dans notre cas d’une bataille entre leur père et moi pour en obtenir la garde. De quel droit une femme allait-elle venir dans notre maison ? Et cerise sur le gâteau : on allait envoyer des enfants qui n’avaient rien demandé à personne dans un espace rencontre, faire la connaissance d’un type qui ne s’était jamais soucié d’eux.

Parce que même pendant cette procédure, il ne s’est jamais soucié de faire connaissance avec ses petits-enfants. Il n’a pas pris la peine de leur envoyer une carte pour leur anniversaire ou pour Noël : pour nous assigner, il avait notre adresse mais pas pour montrer un quelconque intérêt pour nos enfants.

Dans notre malheur, nous avons eu de la chance : le jugement n’était pas exécutoire. Il ne nous restait plus qu’à attendre sa signification pour faire appel. Alors nous avons attendu. Attendu. Et rien n’est venu. Ce pauvre grand-père si malheureux d’être privé de ses petits enfants n’a pas fait signifier le jugement qui ne pouvait donc pas s’appliquer. Mais dans notre justice, on a du temps pour faire signifier : cela veut donc dire que nous étions condamnés à attendre son « bon » vouloir … ou pas.

Nous ne voulions pas rester avec cette épée au dessus de la tête : nous avons pris les devants et avons fait appel, pour lequel il ne s’est pas constitué. Nous avons donc gagné : le premier jugement a été infirmé « en toutes ses dispositions » et il a par ailleurs été condamné à payer un certain nombre de choses.

C’est ça aussi le 371-4 : c’est la possibilité pour un grand-parent malveillant de pourrir la vie de toute une famille. Parce que l’intérêt de nos enfants, il s’en fichait royalement. En revanche montrer qu’il pouvait avoir encore un pouvoir sur nos vies, c’était ça l’enjeu. Et au milieu il y a des enfants.

C’est aussi presque 4 ans à ne dormir que grâce à des médicaments, à manger des anxiolytiques. Ce sont des travaux repoussés parce que des milliers d’euros passent dans la procédure, ce sont des projets qui tombent à l’eau. C’est une mère qui se sent coupable d’avoir mis sa famille dans une telle situation. C’est des problèmes de couple et de santé. C’est un incroyable gâchis : il m’a volé presque 4 ans de ma vie, après m’avoir volé les 18 premières années. Parce que pendant tout ce temps, je n’étais qu’à moitié là, avec mes enfants qui eux ont vraiment besoin de moi. Et tout ça pour quoi ? Pour rien. C’est ça aussi le 371-4.